L’écume de mer n’est autre que de la magnésite (l’hydrogénosulfate de magnésium), également connue sous le nom allemand « Meerschaum ». Il s’agit d’une variété de chaux carbonatée de couleur blanche.
L’écume de mer provient de terrains sédimentaires du secondaire et du tertiaire. Elle se présente sous forme de blocs de taille modeste, appelés rognons et disséminés dans l’argile. Elle est extraite d’anciennes installations minières artisanales et rudimentaires, au moyen de puits d’une profondeur variant de 40 à 80 mètres.
L’écume de mer a la particularité d’être un minéral très léger, pouvant flotter sur l’eau. D’ailleurs, c’est de là que vient son nom, puisque les marins de la mer noire la confondaient avec l’écume des vagues lorsqu’elle flottait à la surface de l’eau.
L’écume de mer (Genuine Block Meerschaum) est poreuse (son poids spécifique est inférieur à 1g). Elle a également un grand pouvoir absorbant et retient très efficacement la nicotine. Ce minéral aussi est réfractaire et constitue donc une excellente matière première pour la fabrication de pipes.
Les premières pipes en écume de mer auraient été fabriquées à Budapest au début du XVIIe siècle. Quelque temps plus tard, Vienne devient à son tour un fort pôle de fabrication de pipes en écume de mer. Dès le XVIIIe ces deux capitales européennes en deviendront des villes mondialement réputées pour leur savoir-faire. Cette tradition de haute qualité valut à la pipe en écume de mer d’être appelée par des écrivains « La Déesse Blanche ».
Encore aujourd’hui, la pipe en écume de mer est fabriquée à la main, suivant les méthodes artisanales ancestrales. La forme et la taille de la pipe sont déterminées par le bloc d’écume lui-même. Celui-ci est tout d’abord mouillé puis taillé au couteau, avant d’être tourné et percé. Après cette dernière étape, la tête est séchée. Ensuite vient le moment de l’assemblage du tuyau. L’ensemble est ensuite limé et ajusté. La tête subit alors un long traitement (passage au blanc de baleine, ponçage, puis passage dans un bain de cire vierge) avant d’être polie.
Les plus belles pièces seront vendues dans un coffret, façonné spécialement pour chaque pipe. À noter que le coloris blanc immaculé n’est pas forcément celui recherché par les collectionneurs. En effet, la couleur « coquille d’œuf » est largement préférée, car elle est signe de qualité. D’ailleurs, au fil des utilisations, une pipe en écume de mer haut de gamme deviendra brun doré si elle est bien entretenue.
Les pipes en écume de mer sont souvent plus esthétiques qu’une pipe en bois et cela pour deux raisons. La première parce que sa couleur immaculée attire l’œil. Bien entretenue, la pipe en écume est un véritable objet de valeur. La seconde parce qu’elle peut tout simplement revêtir diverses formes. Il est très facile de sculpter la forme désirée dans ce matériau malléable.
Outre l’aspect esthétique, les pipes en écume de mer ont la particularité de fournir une fumée plus fraîche et sèche, évitant ainsi le phénomène de « cross-over ». En d’autres termes, vous pouvez changer de tabac d’une pipe à l’autre, sans que le précédent laisse une quelconque trace gustative au palais. C’est une pipe parfaite si vous êtes en pleine recherche de votre tabac favori.
D’autre part, il s’agit aussi de pipes plus saines, puisque l’écume de mer retient une grande partie de la nicotine et des goudrons contenus dans le tabac. Enfin, la résistance à la chaleur de l’écume de mer est également supérieure à la pipe en bois.
Tout comme pour les pipes en bruyère, il est totalement proscrit de préculotter une pipe en écume avec de l’alcool. En effet, cela ne ferait que la détériorer avant même d’avoir pu l’utiliser. La pipe en écume de mer est délicate. Elle doit donc être fumée lentement et régulièrement (une fois par jour étant l’idéal).
Pour culotter une pipe en écume de mer, certaines étapes sont primordiales. En premier lieu, il faut complètement bourrer le foyer avec votre tabac. Allumez votre pipe, mais ne fumez pas plus que la première moitié. Pendant au moins une dizaine de fois, il ne vous faudra fumer que la première moitié du tabac. Ainsi, le culottage sera progressif et régulier. La coloration naturelle démarrera par le bas du foyer et la tige.
La pipe en écume de mer est un objet fragile et précieux. Étant très absorbante et poreuse, il est fortement déconseillé de toucher la partie en écume lorsque vous la dégustez, cela afin de ne pas laisser la marque de vos empreintes digitales sur le foyer. Ce type de pipe ne se tient que par le tuyau. Cependant, si la tentation est trop forte ou que le geste est trop familier, veillez à protéger le foyer avec une peau de chamois ou un carré de tissu en fil pour la manipuler.
À noter que tout comme pour la bruyère, il existe différentes qualités d’écume de mer. Il est possible des pipes en écume à des prix très bas, inférieurs de moitié à celui couramment pratiqué. S’il s’agit bel et bien de pipes en écume de mer, il faut savoir qu’il s’agit d’écume reconstituée, plus connue sous le nom d’écume massa (massa-meerschaum), ou encore « écume de Vienne ». Les morceaux d’écume de mer sont agglomérés avec un liant, puis moulés.
À l’œil nu, il est presque impossible de les différencier, cependant, elles sont reconnaissables par leur densité : les pipes en écume massa sont plus lourdes que les pipes en écume de mer. D’autre part, les modèles les plus nobles (en écume de mer véritable) sont aussi reconnaissables à leur couleur allant du blanc polaire au blanc lacté.
Il existe plusieurs pays producteurs de pipes en écume de mer. Cependant deux d’entre eux sont les plus grands producteurs :
C’est particulièrement dans la province d’Anatolie, dans la ville d’Eski-Cheir que proviennent nos Marmara.
Ce pays utilise une autre variété d’écume de mer, très prisée par Peterson. Elle est d’excellente qualité, mais sa couleur tire plus vers le gris. D’autre part, elle est aussi moins légère. Le style de fabrication est également différent (par exemple : les Peterson Tawny de luxe ou Golden Supreme)